Concertclassic.com, par Jacqualine Thuilleux, 12 avril 2018
Il faut compter désormais avec Zoroastre, cet ensemble à géométrie variable qu’a créé en 2012 la très atypique Savitri de Rochefort (photo), jeune femme à l’énergie et au charisme exceptionnels. Ce que n’a pas manqué de remarquer Thierry Escaich, lequel fut son professeur au Conservatoire avant de devenir son partenaire dans nombre de concerts où il l’accompagne et joue ses propres œuvres. Un échange heureux qui aboutit par exemple à ce prenant Terra Desolata (une commande de Musique Nouvelle en Liberté, créée en 2002 par Hervé Niquet et le Concert Spirituel), sur des extraits du Livre de Jérémie. Un long murmure angoissé, qui se fait cri, et permet à l’Ensemble et aux solistes de trouver le ton et le recueillement nécessaires pour se lancer ensuite dans la puissante aventure du Requiem de Mozart, où il leur faut affronter de multiples modes d’expression.
L’Ensemble Zoroastre, on l’a dit, se plie à des écritures diverses, avec tout de même une dominante baroque dans la sonorité des cordes. Ce qui lui donne une palette de couleurs acidulées qui se marie admirablement avec la battue électrique de Savitri de Rochefort.
Thierry Escaich et Savitri de Rochefort © Simone Strähle
La voir diriger est un moment intense, sa finesse et sa silhouette menue amplifiées par des gestes d’une élégante précision, combattant comme un gracieux prophète pour amener ses troupes à une cohésion qu’elle ne trouve jamais suffisante mais qui a pourtant suscité l’enthousiasme du public de ce concert pas comme les autres, car, donné en mémoire des Victimes de la Grande Guerre, il prenait place en la Cathédrale américaine, dont on a pu apprécier la qualité acoustique, chose rare dans les églises.