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Croquefer, ou le dernier des paladins (Critique)

7 NOVEMBRE 2017

Rédigé par Yves POEY

(c) Photo Y.P. -
© Photo Y.P. –

Ce fut une soirée à vous donner une sacrée pêche, comme seules les pêches peuvent être sacrées, lorsqu’elles ont vraiment décidé d’être sacrées !


Cette soirée-là constituait l’ouverture de la saison de l’association « Opéracting ».
Cette association s’est donné le noble (et nécessaire) but de démocratiser l’opéra, gangrené (je cite les mots d’ouverture d’Alexandre Camerlo, le metteur-en-scène) par le prix des billets et l’entre-soi culturel.
Pas mieux !


C’est Jacques Offenbach qui était à l’honneur avec son opéra-bouffe « Croquefer ou le dernier paladin ».
Opéra-bouffe ? Une pochade, oui, un divertissement complètement déjanté, une farce maîtrisée de bout en bout !


Croquefer, un souverain médiéval (d’opérette, finalement…) est en lutte contre Mousse-à-Mort.

Il a capturé Fleur-de-Soufre, la fille de son ennemi, dont va s’amouracher Ramasse-ta-Tête, son neveu.

J’ai oublié de vous dire qu’en entrant sur scène, ce dernier paladin-là avale son sabre, ce qui le gêne énormément par la suite pour s’asseoir. (Je voudrais vous y voir, vous !..)
Vous suivez ? Peu importe !

Offenbach et ses librettistes Adolphe Jaime et Etienne Tréfeu ont concocté en 1857 une œuvre totalement surréaliste avant l’heure, et complètement burlesque.
Extrait du livret : « Je n’ai pas connu mon père, il est mort trois ans trop tard… »
Une soprano et trois ténors sont sur scène.

Quatre en fait, car Mousse-à-Mort est un rôle… muet.
Il s’agissait pour Offenbach de faire un pied de nez aux conventions de l’époque, qui n’admettaient pas plus de quatre chanteurs lyriques sur la scène d’un opéra-bouffe.
Ce rôle était dévolu hier au parrain de l’association pour cette saison, à savoir Bruno Putzulu, en armure plus ou moins rouillée, avec des panneaux explicatifs en lettres gothiques à la main.


L’ancien de la Comédie Française, bien que muet, est irrésistible d’humour en chevalier revenant de Palestine. Il est d’un drôle !


Fleur-de-Soufre, la princesse qui deviendra assassin est incarnée par la soprano Claire-Elie Tenet.
Sa voix et son jeu scénique m’ont enthousiasmé !
Elle aussi est très drôle, elle est parfaitement crédible, et surtout, elle chante formidablement.
Elle monte haut, elle monte juste.

C’est un régal pour les yeux et les oreilles !


Xavier Mauconduit lui donne la réplique de la meilleure des façons.
Leurs duos sont très cohérents, on sent une vraie pâte sonore. Une vraie réussite. !


Les chanteurs étaient mis en scène par Alexandre Camerlo. Tout est enlevé, très vif !
Ca pulse, ça bouge, ça vibre !


Savitri de Rochefort dirigeait l’ensemble Zoroastre composé de neuf musiciens (violon, alto, violoncelle, contrebasse, percussions, clarinette, flûte/piccolo, cor d’harmonie et piano).
Là aussi, une grande cohérence.

Les musiciens s’amusent, leur cheffe sourit aux facéties qui se déroulent sur le plateau.


Au final, régnaient sur le Déjazet hier une réelle fraîcheur, une totale légèreté, une joie palpable.
Bien entendu, que de travail pour arriver à donner au public ces sentiments-là…


Vive l’opéra démocratisé !